Nice, le 2 juin 2009

Monsieur le Recteur,

Nous souhaitons vous faire part d’un certain nombre de dysfonctionnements liés à l’organisation de la fin de l’année scolaire et des examens.

Si nous sommes favorables à la recherche de solutions véritables permettant une organisation des examens et de la fin de l’année scolaire qui perturbent le moins possible la poursuite des cours, nous exprimons le mécontentement des enseignants de l’académie que nous représentons majoritairement quant à des changements introduits par la « reconquête du mois de juin » :

  • fragilisation des examens,
  • dégradation des conditions de travail des candidats et des correcteurs,
  • absence de gain réel pour les élèves dont les cours seraient maintenus.

Le calendrier retenu

Le calendrier académique retenu pour l’organisation du baccalauréat, décliné sur les consignes ministérielles dans le cadre de « la reconquête du mois de juin », s’étend jusqu’au 10 juillet. Or, rien ne semble justifier un tel décalage vers le mois de juillet si ce n’est la volonté de prolonger la présence des enseignants dans les établissements. Comment expliquer que la date limite de saisie des notes du baccalauréat soit fixée au vendredi 3 juillet alors que les délibérations du premier groupe n’auront lieu que le mardi 7 juillet ? Pourquoi ne pas prévoir ces délibérations le lundi 6 ?

Le décalage des dates des épreuves à la fin du mois de juin, la concentration de ces épreuves et l’extension de la durée de l’examen s’apparentent davantage à la conquête du mois de juillet qu’à la reconquête du mois de juin et pénalisent tout autant les élèves de terminale (les candidats qui bénéficient d’un tiers temps subiront le même jour 10h d’épreuves en S-SI ) que les enseignants.

Quant au Brevet, le calendrier fixé nationalement perturbera considérablement l’organisation pédagogique dans les établissements : le choix de repousser les épreuves au maximum par rapport aux années précédentes ne permet pas de disposer de plages communes pour la tenue des conseils d’enseignement après les épreuves et ne garantit pas la mobilisation des élèves de troisième sur leur orientation après le 15 juin (date officiellement retenue pour les conseils de troisième).

L’empilement des tâches et la réduction du temps de correction

Le problème des effectifs, particulièrement aigu dans notre académie avec des effectifs lourds se traduit au moment des examens par une charge de travail très importante : en philosophie, 110 copies en moyenne par correcteur, en français 70 copies à l’écrit et plus de 60 candidats par examinateur à l’oral. Il importe donc d’assurer équitablement la répartition des corrections en veillant à mobiliser l’ensemble des enseignants disponibles sans empiler les tâches. A notre sens, la correction de copies exclut toute autre tâche. La durée de correction des copies, considérablement amputée, pour l’ensemble des disciplines avec ce calendrier, risque ainsi de fragiliser le baccalauréat, auquel l’ensemble de la profession et les élèves et parents d’élèves restent fort attachés comme ils l’ont montré lors des mobilisations contre la réforme Darcos ces derniers mois !

Pour l’organisation des surveillances dans les établissements, nous vous rappelons notre attachement au caractère pédagogique de la surveillance d’examen et à la nécessité de la faire assurer par des enseignants qualifiés. Nous portons cependant à votre connaissance la perplexité et le mécontentement d’un certain nombre d’enseignants qui se voient imposer, sous prétexte d’une pseudo transcription de nos obligations de service en heures de surveillance, transcription qui n’a aucun fondement statutaire, des durées de surveillance allant jusqu’à 30h ou 36h ; ce qui est inacceptable et nous vous demandons d’y mettre fin. Cet alourdissement de la charge des surveillances est la conséquence directe des dispositifs mis en œuvre pour maintenir des « activités » en seconde jusqu’au 15 juin et nous vous demandons de veiller à ce que les surveillances soient réparties raisonnablement et équitablement.

Sur les modalités de correction des épreuves, nous vous signifions d’œuvrer pour que notre opposition à la correction des épreuves du Bac STG sur site (en l’occurrence au Lycée Raynouard à Brignoles). L’imposition de cette modalité de correction induit des contraintes considérables pour les examinateurs : trajet, fatigue, frais conséquents ; sans constituer un apport véritable en termes d’harmonisation puisque les modalités d’harmonisation retenues dans les autres séries (remise des copies dans un établissement du département du correcteur avec consignes de correction, correction des copies chez soi et éventuelle commission d’harmonisation des notes) sont tout à fait envisageables.

Nous vous demandons donc de tout mettre en œuvre pour que les modalités de correction envisagées cette année pour la série STG soient abandonnées.

Le maintien des cours des élèves de seconde :

Les pressions exercées sur le calendrier des examens pour récupérer ces « deux à trois semaines de cours pour les secondes » ont dès aujourd’hui des conséquences inacceptables :

  • les dispositifs proposés aux élèves (soutien scolaire minimum pour les élèves volontaires, « activités » non définies dans certaines disciplines, « stages » ici, « modules » ailleurs…. ) traduisent une conception peu respectueuse de notre métier et des élèves que nous suivons
  • la mise en place de ces dispositifs dans les établissements repose parfois sur des pratiques qui relèvent davantage du chantage que de l’organisation pédagogique des enseignements : cours en seconde du 18 au 25 juin contre une dispense de surveillance du bac, voire une dispense de correction des copies (probablement illusoire) ! Ces « modules ou stages » en seconde risquent fort de rendre indisponibles un certain nombre d’enseignants et d’accroître la charge de surveillance et de corrections des autres sans garantie d’intérêt pour les élèves.

Les menaces sur l’orientation

Pour finir, le choix de fixer les conseils de classe en troisième et en seconde à partir du 15 juin fait peser de graves menaces sur les procédures d’orientation et d’affectation des élèves.

Dans plusieurs lycées de l’académie, consigne a été donnée aux professeurs principaux de seconde de saisir les opérations informatiques d’affectation (réorientation ou de redoublement) bien avant la tenue du conseil de classe ce qui porte atteinte aux attributions de ce conseil, donne au professeur principal des responsabilités qui ne sont pas les siennes, et peut mettre en difficulté les élèves dont l’avis du conseil ne correspondrait pas à l’orientation initialement saisie ! Compte tenu des délais nécessaires au maintien d’un dialogue fructueux avec les familles, il est indispensable de mettre un terme à ces consignes et de laisser des délais raisonnables aux élèves et à leurs familles afin qu’ils puissent formuler de nouveaux vœux.

Le télescopage des calendriers (ouverture des serveurs, conseils à partir du 15, épreuve de philosophie le 18….) laisse augurer une pagaille certaine.

Les personnels de l’académie, soucieux de la réussite de leurs élèves et confrontés à des conditions de travail sans cesse dégradées, ne sauraient compenser indéfiniment les dysfonctionnements occasionnés par les dispositifs qui relèvent plus de l’affichage politicien que de la volonté d’améliorer les conditions d’apprentissage et d’évaluation de élèves

Parce que nous sommes sûrs que vous aurez le souci de mettre fin aux écueils mentionnés ci-dessus, nous vous demandons de tout mettre en œuvre pour que l’organisation de la fin de l’année permette la réussite des élèves et le respect de notre métier.

Veuillez croire, Monsieur le Recteur, à notre dévouement pour le service public d’éducation.

Pour la section académique du SNES, Richard Ghis, Corinne Gioanni